17.         Les monstres resurgissent

 

Loch Ness, août 1968

 

— Je ne m'explique toujours pas pour quelle raison Fraser n'a pas été envoyé en Amérique avec les autres, dit Roger.

En lisant et relisant la liste des déportés d'Ardsmuir, il avait d'abord été pris de panique. Les registres de l'ancienne forteresse avaient été remarquablement bien tenus, surtout comparés à la plupart des autres paperasses administratives qu'ils avaient épluchées au fil de leur enquête. Avant d'être convertie en garnison, Ardsmuir avait servi de prison pendant quinze ans, durant lesquels elle avait été reconstruite et restaurée par les détenus jacobites. Ensuite, ceux-ci avaient été dispersés, principalement dans les colonies. Mais si le nom de Fraser était bien inscrit parmi ceux des prisonniers, il ne figurait nulle part sur les listes des hommes vendus comme domestiques aux colons américains. Roger en avait eu des sueurs froides, et s'imaginait déjà annonçant aux Randall que Fraser était probablement mort en prison... jusqu'à ce qu'il découvre au revers d'une page l'ordre de mutation dans un lieu nommé Helwater.

— En tout cas, c'est un miracle ! intervint Claire. Il y aurait sans doute laissé sa peau. Il souffre... il souffrait d'un terrible mal de mer. De ma vie, je n'ai jamais vu quelque chose de semblable. Il suffisait qu'il monte sur le pont d'un navire, même ancré au port, pour qu'il vire au vert !

II leur fallut deux semaines de recherches intensives, un séjour de deux jours dans le Lake District puis un autre à Londres, avant de découvrir enfin dans la sacro sainte salle de lecture du British Museum un nouvel indice qui arracha un cri de joie à Brianna et entraina leur fuite précipitée sous les regards assassins des lecteurs : une attestation de grâce royale, marquée du sceau de George III, Rex Angleterre, datée de 1764 et portant le nom de James Alex MacKensie Frazier.

— On brûle ! s'enthousiasma Roger en contemplant avec ravissement la photocopie du document. On y est presque !

— Presque où ? demanda Brianna.

Au même instant, elle aperçut leur bus qui approchait de l'arrêt et oublia sa question. Mais Roger, lui, venait de croiser le regard de Claire. Elle savait de quoi il avait voulu parler.

Forcément, elle devait penser à la même chose. Elle avait été happée par le passé en 1945 pour atterrir en 1743. Deux cent deux ans plus tôt. Elle avait passé trois ans aux côtés de Jamie Fraser avant de franchir à nouveau le menhir de Craigh na Dun et de réapparaître en avril 1948. Trois ans après sa disparition. Les deux époques étaient donc parallèles.

Cela signifiait que, s'il lui prenait l'envie de refaire le chemin inverse, elle atterrirait probablement vingt ans après Culloden, soit en 1766. Or le pardon du roi, dernière trace connue de Jamie Fraser, datait de 1764. Cela faisait deux ans d'écart. S'il n'était pas mort au cours de ces deux années et si Roger parvenait à le localiser... 

— Je me demande pourquoi les hommes petits sont si souvent attirés par des femmes beaucoup plus grandes qu'eux.

Une fois de plus, la voix de Claire derrière lui faisait écho aux pensées qui traversaient l'esprit de Roger.

— Sans doute le syndrome du papillon de nuit attiré par la flamme ? suggéra-t-il.

Il fronça les sourcils en observant le petit barman qui tourbillonnait autour de Brianna. Claire et lui attendaient tous les deux devant le stand du loueur de barques, pendant que Brianna était allée leur chercher des Coca au comptoir de l'autre côté de la salle. Le jeune barman, qui arrivait à la hauteur de l'aisselle de Brianna, était dans un état d'excitation fébrile. Il lui proposait des œufs durs, des pickles et des tranches de langue fumée, ses yeux extasiés ne pouvant se détacher de la déesse aux cheveux de cuivre qui se dressait devant lui. Un peu plus tôt, Brianna avait dit de lui qu'elle le trouvait trognon.

— J'ai toujours dit à Brianna de se méfier des hommes petits, observa Claire sur un ton détaché.

— Vraiment ? s'étonna Roger. C'est drôle, je vous vois mal donnant des conseils de ce genre à votre fille.

Elle éclata de rire.

— C'est vrai, je me suis toujours gardée de me mêler de ses affaires, confirma-t-elle. Mais lorsqu'on comprend un principe aussi fondamental que celui-ci, il est de votre devoir de mère de le transmettre à votre fille.

— Que reprochez-vous aux hommes petits ?

— Ils ont tendance à devenir méchants quand ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent. C'est comme les petits chiens. Ils ont l'air mignon et inoffensif, mais contrariez-les et ils se transforment en roquets et cherchent à vous mordre les mollets.

Ce fut au tour de Roger de rire.

— Je suppose que vous parlez d'expérience ?

— Oh oui, je n'ai jamais rencontré un chef d'orchestre mesurant plus d'un mètre cinquante-cinq. Or, comme vous le savez, tous les chefs d'orchestre sont des êtres insupportables ! En revanche, les grands... 

Elle marqua une pause et laissa son regard remonter le long de la silhouette du jeune homme, qui, heureusement pour lui, mesurait un mètre quatre-vingt-dix.

— ... les grands sont souvent gentils et doux.

— Vraiment ?

Roger jeta un regard agacé au barman qui découpait un morceau d'anguille en gelée. Brianna fit une grimace de dégoût mais se pencha néanmoins docilement vers la fourchette qu'il lui tendait.

— Avec les femmes, précisa Claire. C'est sans doute parce qu'ils sentent qu'ils n'ont rien à prouver.

— Alors qu'un petit... avança Roger.

— Alors qu'un petit sait qu'il ne peut rien vous faire sans votre accord, et ça le rend dingue. Alors, il faut toujours qu'il essaie de vous embobiner, pour se persuader qu'il est le plus fort.

— Mmphm... 

Ce grognement tout écossais exprimait à la fois son appréciation devant la perspicacité de Claire et sa profonde méfiance quant à ce dont le petit barman voulait se persuader.

Le loch était calme et la pêche ne donnait pas grand résultat. Toutefois, le soleil d'août qui leur chauffait le dos et le parfum de framboise et de sapin qui flottait dans l'air rendaient la balade plus qu'agréable. Profitant de ce répit bien mérité, Brianna dormait à l'avant de la barque, la tête sur le blouson de Roger roulé en boule. Claire était assise en poupe, bâillant, mais toujours éveillée.

— Et que pensez-vous des femmes ? lui demanda Roger, reprenant le fil de leur conversation.

Il lança un regard vers les jambes interminables de Brianna.

— Vous pensez la même chose que pour les hommes ? Les petites sont teigneuses et les grandes gentilles et douces ?

Claire prit un air songeur.

— Non, je ne crois pas, répondit-elle. Chez les femmes, la taille n'a rien à voir. La différence se situe plutôt entre celles qui voient en l'homme un ennemi et celles qui le voient... tel qu'il est, et qui l'aiment bien pour ce qu'il est.

— Je vois. C'est encore une de ces théories féministes, n'est-ce pas ?

— Non, pas du tout. En 1743, les relations entre les hommes et les femmes étaient les mêmes qu'aujourd’hui, à quelques différences près, naturellement. La seule chose qui ait changé, c'est la façon dont chacun considère son propre sexe, et pas tellement comment chacun se comporte avec le sexe opposé.

Elle observait le loch d'un air lointain, la main en visière pour se protéger du soleil.

— Vous aimez les hommes, n'est-ce pas ? dit-il soudain. Les grands... 

Elle sourit sans le regarder.

— Un seul.

— Vous repartirez, si j'arrive à le retrouver ?

Il laissa un instant ses rames hors de l'eau, sans la quitter des yeux.

Elle prit son temps avant de répondre. Le vent faisait rosir ses joues et plaquait son chemisier contre son buste, moulant ses seins ronds et sa taille fine. « Trop jeune pour être veuve, pensa-t-il, et trop jolie pour vieillir seule. »

— Je n'en sais rien, répondit-elle enfin. J'y ai pensé, naturellement, mais pour cela, il faudrait retraverser... 

Un frisson la parcourut et elle ferma les yeux.

— C'est impossible à décrire, reprit-elle. C'est horrible, mais horrible d'une manière qui diffère de toutes les épreuves difficiles que l'on peut vivre dans une vie normale, alors je ne trouve pas les mots pour l'expliquer... c'est un peu comme de raconter à un homme les sensations de l'accouchement. Il peut deviner la douleur, mais il n'est pas équipé pour comprendre ce que l'on ressent exactement.

— Vous oubliez que je les ai entendus, ces foutus menhirs.

Le souvenir de cette terrible nuit, trois mois plus tôt, où Gillian Edgars avait disparu à travers le grand menhir fendu, ne l'avait plus quitté. Il en rêvait parfois la nuit.

— C'est un peu comme d'être écartelé, n'est-ce pas ? dit-il sans la quitter des yeux. Comme si quelque chose vous lacérait, en dedans comme au-dehors, et vous avez l'impression que votre crâne va exploser d'un instant à l'autre. Et puis, ce bruit... 

Le visage de Claire était soudain devenu très pâle.

— J'ignorais que vous aviez entendu, vous aussi. Vous ne m'en avez jamais parlé.

— Cela ne m'a pas paru important, répondit-il. Brianna aussi a entendu les menhirs.

— Je vois.

Elle se tourna vers le lac, fixant les eaux noires du Ness.

— Il existe vraiment, vous savez, dit-elle.

Il mit un certain avant de comprendre qu'elle parlait du monstre. Il avait vécu au bord du loch Ness pratiquement toute sa vie, se baignant dans ses eaux glacées, y pêchant des anguilles et des saumons, et écoutant d'une oreille amusée les légendes sur la « bête » qu'on se racontait dans les pubs de Drumnadrochit à Fort Augustus. Peut-être était-ce la nature invraisemblable de la situation, le fait d'être assis là, au milieu du loch, en train de discuter le plus sérieusement du monde de l'inimaginable éventualité de voyager à travers le temps, mais il n'y eut plus le moindre doute dans son esprit : les eaux noires du loch dissimulaient quelque créature mythique mais bien réelle.

— Ce que j'ai vu était probablement un plésiosaure, poursuivit Claire. Je l'ai reconnu grâce aux fossiles de l'oncle Lambert.

Elle fixait toujours les eaux calmes, un petit sourire au coin des lèvres.

— Combien y a-t-il de cromlechs ? demanda-t-elle brusquement. Je veux dire, en Grande-Bretagne, en Europe ?

— Euh... je ne sais pas, sans doute plusieurs centaines. Vous pensez qu'ils sont tous... ?

— Comment le saurais-je ? Mais pourquoi pas ? Ils ont été érigés pour marquer un emplacement précis, un lieu particulier où quelque chose s'est produit.

Elle inclina la tête sur le côté, écartant les cheveux que le vent rabattait sur son visage, avant d'ajouter :

— Cela expliquerait tout.

— Expliquerait quoi ? s'enquit Roger qui avait quelque mal à suivre les méandres de la conversation.

— Le monstre.

Elle fit un signe vers l'eau du bout de la main.

— S'il y avait un autre de ces... lieux... au fond du loch ?

— Vous voulez dire... une porte... un passage... ? Il scruta le loch, tout à coup mal à l'aise.

— Ma foi, cela paraît assez logique.

Il ne parvenait pas à déceler si elle plaisantait ou non.

— Une créature disparue depuis plusieurs centaines de milliers d'années nous apparaîtrait aujourd’hui comme un horrible monstre. S'il y avait un passage là-dessous, cela résoudrait le mystère.

— Cela expliquerait également pourquoi les descriptions diffèrent tant d'un témoin à l'autre, intervint Roger, de plus en plus intrigué par cette idée. À  chaque apparition, ce pourrait être une autre créature qui aurait emprunté le passage.

— Et cela expliquerait pourquoi le monstre ou plutôt les monstres n'ont jamais été capturés et n'apparaissent que rarement. Peut-être qu'ils repartent dans le passé et qu'ils ne viennent dans le loch que de temps en temps.

— Quelle merveilleuse idée ! s'enthousiasma Roger. Ils se turent un instant puis éclatèrent de rire.

— Vous savez quoi ? dit Claire. Je doute que les scientifiques apprécient beaucoup notre nouvelle théorie.

Roger replongea ses rames dans l'eau, faisant jaillir une gerbe d'eau qui éclaboussa Brianna. Celle-ci sursauta et se redressa brusquement, clignant les yeux. Puis, sans même les voir, elle se rallongea, se roula en boule au fond de la barque et se rendormit aussitôt.

— Elle a veillé tard la nuit dernière, dit Roger avec attendrissement. Elle m'a aidé à classer tous les dossiers que nous a envoyés l'université de Leeds.

Claire hocha la tête, songeuse.

— Jamie était comme elle, dit-elle doucement. Il pouvait s'endormir n'importe où.

Ils ne dirent plus rien jusqu'à ce que leur embarcation parvienne à l'endroit du loch où l'on devinait les ruines du vieux château d'Urquhart se dressant entre les pins.

— Le problème, reprit alors Claire, c'est que le voyage est chaque fois un peu plus difficile. La première fois, j'ai pensé que c'était l'expérience la plus horrible que j'aie vécue de ma vie. Mais le retour a été bien pire encore. Peut-être était-ce parce que je ne suis pas revenue le bon jour. Je suis partie lors de la fête de Beltane[4]. Mais lorsque je suis revenue, Beltane était passé depuis deux semaines. Geillis... je veux dire Gillian... est passée le jour de Beltane, elle aussi.

Roger frissonna, revoyant la femme qui était à la fois son ancêtre et sa contemporaine. Sa silhouette était apparue devant le brasier qu'elle avait allumé, figée pendant quelques secondes à la lumière avant de disparaître à jamais dans la brèche du grand menhir.

— C'est ce qu'elle avait écrit dans son journal, commenta-t-il. D'après elle, la porte n'est ouverte que les jours de fêtes solaires. Peut-être qu'elle n'est qu'entrouverte autour de ces périodes. Après tout, elle croyait aussi qu'on ne pouvait l'ouvrir qu'avec un sacrifice humain.

Claire frissonna. La police avait retrouvé la dépouille calcinée de Greg Edgars, le mari de Gillian, au centre du cromlech, le 1er mai précédent. Sa femme, le principal suspect, avait été déclarée disparue sans laisser d'adresse.

Elle s'accouda au bord de la barque, laissant la main traîner dans l'eau. Un petit nuage glissa devant le soleil, faisant soudain virer le loch au gris. Le vent agitait sa surface, parcourue de vaguelettes. Sous eux s'étendaient plus de deux cents mètres de profondeurs glacées et insondables. Quel genre de créature pouvait vivre perpétuellement dans de telles ténèbres ?

— Est-ce que vous descendriez là-dedans ? demanda-t-elle. Vous plongeriez et nageriez vers les profondeurs jusqu'à ne plus avoir de souffle ? Sans savoir s'il existe des créatures aux dents acérées et au corps gigantesque qui vous y attendent ?

Roger fixa les eaux noires sans répondre.

— Plus important encore, reprit-elle, vous plongeriez si vous saviez que Brianna était au fond ?

Elle leva vers lui ses yeux d'ambre, le dévisageant gravement. Il passa la langue sur ses lèvres gercées et desséchées par le vent, et lança un bref regard par-dessus son épaule vers la jeune fille toujours endormie. Puis il se retourna vers Claire.

— Oui, je crois que je le ferais.

Elle le fixa un long moment, puis hocha la tête.

— Moi aussi.

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